L'origine des Siciliens et leur migration vers la Sicile

Partons à la découverte de l'origine de la population des Siciliens, de l'ùge du bronze à l'ùge du fer, à travers la lecture synoptique de textes anciens en grec et en latin, l'analyse linguistique et les trouvailles archéologiques.

di Alexandre Bonfanti

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Depuis un peu plus de dix ans, je m'occupe ProblĂšme « Siculi » dans le cadre ethnographique et culturel de la structure prĂ©historique et protohistorique de la Sicile. Peu d'archĂ©ologues, ainsi qu'un nombre encore plus restreint d'anthropologues, se sont intĂ©ressĂ©s aux prĂ©cieuses populations siciliennes de l'Ăąge du bronze et du dĂ©but de l'Ăąge du fer, tirant trĂšs souvent des conclusions trop superficielles et sans aucune objectivitĂ© scientifique qui donnerait une description prĂ©cise de l'objet. de la recherche et en mĂȘme temps a donnĂ© de nouvelles impulsions Ă  de nouvelles investigations dans le domaine. Eh bien, ce n'Ă©tait pas comme ça pour moi. Le peu que j'ai lu sur les essais publiĂ©s jusqu'Ă  prĂ©sent et disponibles dans les acadĂ©mies universitaires n'a jamais satisfait ma curiositĂ© scientifique, mĂȘme si c'est prĂ©cisĂ©ment l'insouciance bĂąclĂ©e de ces chercheurs qui m'a fait prendre l'initiative de donner vie Ă  ce grand travail de recherche, car pour aujourd'hui on ne peut pas dire qu'elle soit dĂ©finitivement conclue, bien que les rĂ©sultats aient toujours Ă©tĂ© positifs, abondants en donnĂ©es au point de me permettre de reconstituer avec tant de minutie la profonde spiritualitĂ© et la culture extraordinairement vivante de Peuple anellenique (ou prĂ©-grec) de Sicile : c'est-Ă -dire Siculi, Sicani et Elimi.

Quand on entend parler de "Siculi", tout le monde, surtout les non-siciliens, pense toujours Ă  clichĂ© proposĂ© pour le '' Sicilien '' de la fin du XIXe siĂšcle : un petit homme au teint foncĂ©, souvent de petite taille, aux cheveux et moustache corbeau, la typique coppola, fusil de chasse Ă  bandouliĂšre, avançant le long d'un chemin aride au son de marranzano parmi les plantes de figues de Barbarie et les mauvaises herbes sĂ©chĂ©es jaunies par le soleil brĂ»lant. Ce "type" est dĂ©sormais dans l'imaginaire collectif du monde entier Ă  cause d'une mauvaise publicitĂ© qui n'a rien Ă  voir avec la rĂ©alitĂ© : il suffit de constater Ă  quel point les cheveux blonds et les yeux clairs sont rĂ©pandus ; aussi bien que marranzano c'est un instrument ancien d'origine nordique prĂ©sent dans la musique folklorique scandinave, celtique et slave ; ainsi que les figues de barbarie viennent d'AmĂ©rique centrale et sont donc une importation rĂ©cente, tout comme de nombreuses autres plantes de l'Ăźle. Dans les films ce phĂ©notype est souvent proposĂ© et bien souvent les acteurs ne sont pas siciliens, sans parler des souvenirs, ceux qui reproduisent "u siculu", qui ne servent pas tant Ă  stimuler la faible capacitĂ© d'observation des touristes venus sur l'Ăźle pour saisir et expĂ©rimenter ce qu'il y a de rĂ©el dans tout cela, mais mĂȘme d'infirme avec leur irrĂ©alitĂ© figurative autant comme dĂ©jĂ  dans l'esprit de ceux-ci, il a Ă©tĂ© dĂ©formĂ© par l'imagination des allochtones.

En fait, tout le monde pense que les « Siciliens » sont tous des Siciliens, indistinctement, bien que personne, et mĂȘme pas beaucoup d'insulaires, ne sache qui Ă©tait cette population qui a donnĂ© le nom actuel Ă  notre merveilleuse Ăźle.. En fait, nous parlons de la Sicile grecque, de la Sicile romaine, de la Sicile byzantine, des Normands, des Souabes, des Aragonais, etc., mais presque jamais de ceux qui jadis habitaient cette Ăźle, lui donnant le nom de Sikelia "Sicile" (forme hellĂ©nique attestĂ©e, certainement reconstituĂ©e sur le coronyme sicilien Sikulia) et, hĂ©las, mĂȘme Ă  tort, aux habitants actuels considĂ©rĂ©s comme « siciliens » et non proprement « siciliens ». Je vais essayer d'expliquer briĂšvement qui Ă©taient les Siciliens, qui Ă©taient les Sicans, qui Ă©taient les Élymes, qui Ă©taient les SicĂ©liots et enfin qui seraient les Siciliens actuels. Mon travail Ă©tait principalement basĂ© sur lecture synoptique de textes anciens en grec et en latin (c'est-Ă -dire une lecture menĂ©e simultanĂ©ment sur diffĂ©rents textes mis cĂŽte Ă  cĂŽte pour effectuer une comparaison immĂ©diate) : directement Histoires o Guerre du PĂ©loponnĂšse de Thucydide (Ve siĂšcle av. J.-C.), AntiquitĂ©s romaines de Dionysos d'Halicarnasse (Ier siĂšcle av. J.-C.), BibliothĂšque historique de Diodorus Siculus (XNUMXer siĂšcle avant JC); indirectement, Ă  travers les textes dĂ©jĂ  citĂ©s plus haut, Sikelika o FabriquĂ© Ă  partir de Sicile d'Antiochus de Syracuse (Ve siĂšcle av. J.-C.), Sikelika de Philistus de Syracuse (IVe siĂšcle av. J.-C.), et encore Sikelika de TimĂ©e de Tauromenio (IIIe siĂšcle avant JC) connu comme le '' dĂ©tracteur ''; puis la lecture duÉnĂ©ide de Virgile, le poĂšte ''archĂ©ologue'' au sens propre du terme, ainsi que de nombreux autres textes. Ensuite, j'ai comparĂ© les lectures synoptiques avec les donnĂ©es obtenues Ă  partir des analyses des matĂ©riel archĂ©ologique; puis j'ai continuĂ© analyse linguistique et enfin avec analyse anthropologique, le plus difficile mais aussi le plus satisfaisant. Tout cela m'a permis de faire une reconstitution trĂšs prĂ©cise des peuples siciliens prĂ©-grecs de l'Ăąge prĂ©historique et proto-historique, mĂȘme si, j'ajoute, je suis toujours avide de bien d'autres dĂ©couvertes. En tant qu'indo-europĂ©aniste je peux dire que c'Ă©tait un travail trĂšs exigeant, celui de dĂ©chiffrer les langues des Siciliens, des Élymes et des Sicans (ces derniers n'ont pas laissĂ© de textes Ă©crits mais de nombreux toponymes et hydronymes), Ă  la fin dont j'ai pourtant vu un de mes rĂȘves se rĂ©aliser : le classement de trois autres langues de filiation purement indo-europĂ©enne et leur agencement au sein de l'arbre gĂ©nĂ©alogique. Tout cela est Ă©videmment prĂ©sent dans mes deux ouvrages dĂ©jĂ  citĂ©s dans l'article prĂ©cĂ©dent, respectivement Siculi : peuple Arius venu du Nord (c.-Ă - Histoire Siculorum) Et Siciliens indo-europĂ©ens. Les origines nordiques de l'ethnie, tomes I-II.

Les Siciliens Ă©taient une population de lignĂ©e indo-europĂ©enne et de souche proto-illyrienne, qui Ă  l'Ăąge de pierre lointain, vers le quatriĂšme millĂ©naire avant notre Ăšre, ne faisait encore qu'un avec les autres peuples proto-illyriens installĂ©s au centre de l'Europe., bien au-dessus du cours moyen du Danube, dans la zone centrale et mĂ©ridionale situĂ©e entre l'Elbe et la Vistule, bordant d'autres macro-groupes indo-europĂ©ens, prĂ©cisĂ©ment avec celui dont sont issus les Proto-Latins, les Osco-Ombriens et les Les VĂ©nitiens ont Ă©mergĂ© ( Paleoveneti ou Venetici ) Ă  l'ouest, avec celui dont les HellĂšnes, les MacĂ©doniens et les Phrygiens ont Ă©mergĂ© Ă  l'est et au sud-est, avec une partie du groupe celtique (Ă  l'Ă©poque proto-celtique) et une partie du groupe germanique dans le nord (qui avec ce proto-celtique puis ur-celtique avait une osmose longue et intense), et subissant Ă©galement un processus osmotique culturel avec le groupe indo-europĂ©en dĂ©fini comme "haut-europĂ©en" ou "palĂ©o-europĂ©en" ou " Indo-europĂ©en A", auquel appartenaient les Sicans, compatriotes des Siciliens mĂȘme Ă  des Ă©poques beaucoup plus tardives (Ă  partir de 1270/1250 avant JC en Sicile). Avec ce dernier groupe, l'influence Ă©tait cependant entravĂ©e par le cours danubien, puisque ce groupe d'origine carpatique appelĂ© « A » s'Ă©tendait Ă  cette Ă©poque Ă  partir de la rive sud du fleuve. Tout cela ressort non seulement des analyses anthropomĂ©triques, mais aussi et surtout des analyse phonĂ©tique qui caractĂ©rise la langue des Siciliens (mĂ©thode des aires latĂ©rales, glottochronologie par analyse en phono-composantes, dĂ©tection des isoglosses primitives et donc dans l'identification des phonĂšmes d'origine : c'est-Ă -dire le traitement des sonantes, les chaĂźnes de poussĂ©e et de traction phonĂ©tiques, les rotations consonantiques, la dĂ©tection des laryngales d'origine avec reconstructions des systĂšmes vocaliques primitifs, etc.).

Ce groupe de proto-Illyriens, de plus en plus nombreux, abandonna leurs sites ancestraux d'Europe centrale, franchissant le Danube dans son cours moyen, dans la rĂ©gion de l'actuelle Hongrie, se dĂ©versant dans les Balkans Ă  la fin du IV ou au dĂ©but du IIIe millĂ©naire av. J.-C., occupant ainsi toute la pĂ©ninsule jusqu'Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la GrĂšce connue Ă  l'Ă©poque historique sous le nom de PĂ©loponnĂšse. De nombreuses tribus se sont crĂ©Ă©es Ă  partir des ramifications les plus septentrionales de la pĂ©ninsule balkanique, parmi lesquelles les Liburniens, les Siciliens, les Ausoni, les Dauni, les Peucezi, les Messapi, les Caoni, les Coni, les PĂ©lasges et les Enotri.. Les Liburniens et les Siciliens, plus proches voisins et parents des premiers, occupent respectivement les rivages et l'arriĂšre-pays de la Dalmatie, prĂ©cisĂ©ment les territoires allant de la SlovĂ©nie actuelle Ă  l'Albanie, suivis successivement des Dauniens, puis des Peucezi (ceux-ci accueillent une partie des Enotri une fois arrivĂ©s en Italie), les Caoni, les Coni, les Ausoni, les PĂ©lasges (ceux-ci atteignirent la GrĂšce), les Messapi et enfin les Enotri, qui avaient une extension maximale de l'Épire au PĂ©loponnĂšse. Peu de temps aprĂšs, des famines et autres calamitĂ©s ont poussĂ© une partie de toutes ces tribus vers la cĂŽte faisant face Ă  la mer Adriatique, c'est-Ă -dire notre pĂ©ninsule. D'abord vint l'Ausoni, dans la seconde moitiĂ© du troisiĂšme millĂ©naire avant JC de la cĂŽte sud-est, allant jusqu'Ă  l'actuel Latium, de sorte que l'Italie s'appelait Ausonia; puis les Siciliens sont arrivĂ©s avec les Liburniens dans le centre pĂ©ninsulaire, entre l'Émilie-Romagne, l'Ombrie et les Marches, vers le dĂ©but du IIe millĂ©naire av. puis Ă  nouveau les Enotri, arrivĂ©s vers le XVIIe siĂšcle. J.-C. toujours du sud-est et chassant les Ausoniens plus au nord, principalement en Campanie et dans le Latium, et donnant un nouveau nom Ă  cette rĂ©gion, c'est-Ă -dire Énotrie. Les PĂ©lasges ont Ă©tĂ© les derniers Ă  arriver, au dĂ©but de la seconde moitiĂ© du deuxiĂšme millĂ©naire avant notre Ăšre, atteignant d'abord l'embouchure du PĂŽ, couvrant la majeure partie de la pĂ©ninsule en suivant les Apennins vers le sud et rejoignant des groupes proto-latins de centres terramariques, avec lequel ils ont chassĂ© les Siciliens et les Liburniens de ces territoires, faisant naviguer les Liburniens et poussant les Sicels plus au sud dans le Latium. 

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À gauche, reconstruction de la chambre funĂ©raire d'une tombe troglodyte artificielle de la culture sicilienne de faciĂšs Eeneolithic par Rinaldone au MusĂ©e National Ethnographique PrĂ©historique Luigi Pigorini, Rome (la tombe connue sous le nom de '' della Vedova '', trouvĂ©e Ă  Ponte San Pietro, sur le territoire de Viterbe, Latium); Ă  droite, un exemple de vase flacon, typique de la culture sicilienne de la Renaissance centrale-pĂ©ninsulaire et du Latium, exposĂ© dans l'une des vitrines du musĂ©e. CrĂąnes ellipsoĂŻdes dolicomorphes, traçables des Balkans Ă  la Sicile (connus les exemples de Pantalica, dont beaucoup ont Ă©tĂ© livrĂ©s par Sergi de Messine aux organismes d'Ă©tudes anthropologiques du Capitole), un vĂ©ritable fil d'Ariane pour la reconstruction deiter migration des Siciliens et l'identification de multiples faciĂšs Ă©vĂ©nements culturels au fil du temps.

Les Siciliens ont entrepris l'Ă©vasion pour la sĂ©curitĂ©, trouvant l'hostilitĂ© de nombreuses autres tribus, en particulier Oscan (les hĂ©ritiers de la culture des tombes Ă  fosse), arrivant finalement sur le territoire de leurs cousins ​​Enotri, qui les ont accueillis. LĂ , dans la Calabre d'aujourd'hui, les Siciliens sont devenus nombreux et trĂšs puissants, au point que leur roi, dont le nom Ă©tait Italo "Torello", a pris possession de l'ensemble Énotrie et qu'aprĂšs sa mort il fit tomber tout son peuple dans la haine parmi les Enotri, au point qu'ils durent fuir en Sicile (je me souviens toujours que l'anthroponyme Italiens, ainsi appelĂ©e en grec, n'est attestĂ©e que dans les inscriptions siciliennes, et jamais retrouvĂ©e dans les terres d'Ɠnotrie, de la Basilicate Ă  la Calabre, c'est pourquoi le bon Thucydide vit bien dans les origines siciliennes et non-enotrie de l'Italo ). C'Ă©tait l'annĂ©e 1270 av. J.-C. et les Siciliens, "une grande armĂ©e", comme le prĂ©cise Thucydide, conquirent tout le secteur oriental de l'Ăźle, donnant vie au Sikelia, c'est le "Terre des Siciliens", dĂ©vastant et repoussant les Sicans avec une guerre longue et sanglante , ce groupe palĂ©o-europĂ©en (donc toujours indo-europĂ©en) qui s'Ă©tait installĂ© sur l'Ăźle vers la seconde moitiĂ© du troisiĂšme millĂ©naire av. J.-C., fuyant Ă©galement l'Italie (et non la pĂ©ninsule ibĂ©rique) en raison de l'arrivĂ©e des Ausoni . Peu de temps aprĂšs, les Elimi sont arrivĂ©s en Sicile, toujours de lignĂ©e proto-illyrienne, car, comme les Morgeti, ils Ă©taient le rĂ©sultat d'une fragmentation du groupe enotrium, parmi lesquels d'autres Ă©lĂ©ments ethniques ont convergĂ© par synĂ©cisme, comme une petite partie des Sicans. et une grande partie des HellĂšnes (prĂ©cisĂ©ment ces HellĂšnes de lignĂ©e achĂ©enne qui ont pris possession Ă  l'Ăąge du bronze moyen de la place forte anatolienne, qui Wilusa connu plus tard sous le nom de Troie, Ă©tant leIliad le rĂ©cit d'un affrontement qui eut lieu Ă  l'Ăąge du bronze final entre deux groupes achĂ©ens, l'un de la patrie Hellas, l'autre de la colonie anatolienne en Troade). Les Sicans, chose Ă©trange Ă  dire, Ă©taient voisins des Siciliens non seulement au cƓur de l'Europe Ă  une Ă©poque trĂšs reculĂ©e, mais aussi, bien que dans une trĂšs faible mesure, dans la pĂ©ninsule balkanique elle-mĂȘme (oĂč il existe de nombreuses traces toponymiques dans l'actuel -jour SlovĂ©nie) et enfin en Sicile. Tout cela est difficile, vraiment trĂšs difficile, Ă  comprendre en premiĂšre lecture Ă  partir des sources historiques, surtout si elles sont lues individuellement et sans bien connaĂźtre les langues grecque et latine.

Tous les historiens nous livrent des informations contradictoires, certaines apparemment improbables mais rĂ©elles, d'autres encore crĂ©dibles mais vĂ©ritablement fausses. C'est tout un puzzle qui m'a pris de nombreuses annĂ©es et surtout beaucoup de rigueur scientifique pour le complĂ©ter. Dans cette recherche j'ai utilisĂ© une infinitĂ© de donnĂ©es provenant de diffĂ©rentes branches scientifiques, pas seulement de la philologie donc, pour bien reconstituer les sources anciennes, mais beaucoup de l'anthropologie physique et de la glottologie. Je peux donner un exemple simple. Thucydide (historien athĂ©nien du Ve siĂšcle av. J.-C.) affirmait que les Siciliens venaient d'Italie et qu'ils Ă©taient diffĂ©rents des Enotri, que les Sicans Ă©taient d'origine ibĂ©rique et que les Élimi Ă©taient un groupe de Troyens et d'HellĂšnes voisins et en bonnes relations avec les Sicani, mais non fusionnĂ©e avec cette derniĂšre. Dionysius d'Halicarnasse et Diodorus Siculus, ont tous deux vĂ©cu au premier siĂšcle. BC, comme dĂ©jĂ  mentionnĂ©, a rapportĂ© avec diligence et heureusement de grandes parties (lections) des textes aujourd'hui perdus de ces historiens siciliens beaucoup plus anciens, qui, Ă©tant aussi en contact direct avec ces populations Ă©picoriques, pourraient certainement disserter beaucoup plus Ă  leur sujet ; se rĂ©fĂ©rant Ă  nouveau Ă  Antiochus et Philistus de Syracuse, qui vĂ©curent respectivement aux Ve et IVe siĂšcles. J.-C., Hellanique de MytilĂšne, qui vĂ©cut au Ve siĂšcle. BC, et TimĂ©e de Tauromenio, qui a vĂ©cu au troisiĂšme siĂšcle. AVANT JC

Antiochus a revendiquĂ© l'origine ibĂ©rique des Sicani, l'origine troyenne et grecque des Elimi et l'origine pĂ©ninsulaire et enotria des Siciliens ; Hellanique a revendiquĂ© l'origine pĂ©ninsulaire et enotria des Élymes et les origines pĂ©ninsulaires et ausoniennes des Siciliens ; Philistus, trĂšs proche de la culture sicilienne, Ă©tant gĂ©nĂ©ral sous Denys Ier et ayant un groupe important de Siculi dans l'armĂ©e (la fondation de colonies dans le centre de l'Italie, comme AncĂŽne, en est la preuve ), revendiquait l'origine ibĂ©rique des Sicans et pĂ©ninsulaire des Siciliens, mais considĂ©rait Ă  tort les Ligures , sachant bien cependant que ses « Liburniens », parents trĂšs proches des Siciliens, Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des Ligures par les plus anciens copistes et donc le seul qui avait compris la vĂ©ritĂ© Ă©tait considĂ©rĂ© comme le pire ; enfin TimĂ©e, qui rapporta au contraire de nombreuses erreurs, les accusant tous d'ignorance, affirma que les Sicans Ă©taient indigĂšnes, comme « sortis de nulle part », et que les Siciliens Ă©taient toujours d'origine pĂ©ninsulaire. Tucidides a Ă©galement soutenu que les Siciliens avaient Ă©tĂ© chassĂ©s par la population osque des Opici, qui vivait en Campanie, et que la migration avait eu lieu au XIe siĂšcle. AVANT JC; Antiochus prĂ©tendait que les Siciliens avaient Ă©tĂ© chassĂ©s par les Enotri, mais il ne savait comment situer prĂ©cisĂ©ment cette migration ; Philistus a dĂ©clarĂ© que la quatre-vingtiĂšme annĂ©e avant la destruction de Troie, donc en 1264 avant JC, la migration des Siciliens vers la Sicile a eu lieu en raison des Enotri ; Ellanicus situe cette migration avec une grande prĂ©cision dans la vingt-sixiĂšme annĂ©e de sacerdoce d'Alcione Ă  Argos, donc en 1270 av. J.-C., mais avec la variante consistant en l'expulsion des Elimi toujours due Ă  l'hostilitĂ© des Enotri, qui seraient arrivĂ©s la partie la plus occidentale de l'Ăźle, et aprĂšs cinq ans celle des Siciliens qui ont fui les Iapigi qui habitaient le nord des Pouilles, comme les Siciliens Ă©taient selon lui Ausoni.

Comme vous pouvez le voir, il y a tant de confusion, tant d'Ă©carts, mais si toutes ces informations sont superposĂ©es par la lecture synoptique des sources et qu'ensuite toutes les donnĂ©es sont reçues par un filtre d'analyse anthropologique, linguistique et archĂ©ologique, ce qui est obtenu dans la fin c'est la vĂ©ritĂ© des faits. Pour commencer, les Sicans n'Ă©taient pas des IbĂšres, de la maniĂšre la plus absolue, puisque dans leur langue (dĂ©rivĂ©e d'anthroponymes, d'hydronymes, d'oronymes et de toponymes) il n'y a rien d'ibĂ©rique mais d'indo-europĂ©en A (entre autres, bien documentĂ© par le Pr. Villar , mĂȘme s'il n'inclut jamais les Sicans dans son groupe, contribuant nĂ©anmoins beaucoup Ă  la reconstruction des plus anciennes strates indo-europĂ©ennes, celles caractĂ©risĂ©es par l'isoglosse laryngĂ©e h2Ă  partir de laquelle e + h2 > a, qui a persistĂ© dans le groupe germanique et a subi une nouvelle Ă©volution dans le vieux slave avec h2 > h3, donc avec rĂ©sultat o). Ils Ă©taient alors prĂ©sents ab antique dans le nord et le centre de l'Italie, oĂč a eu lieu leur affrontement avec les Ligures, qui Ă©taient stationnĂ©s entre la Ligurie et le PiĂ©mont. Certes, il existe un fleuve Sicano dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique, mais c'est la dĂ©formation d'un hydronyme celtique dans l'espace ibĂ©rique, initialement SĂ©kwanos, c'est-Ă -dire "RiviĂšre qui divise deux territoires", et cela avec cette racine sĂ©mantique sik- la "coupe" Ă©tait prĂ©sente dans toute la France (d'oĂč le nom de la Seine Ă  partir de SĂ©quana). En fait, ces fleuves, tant dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique que dans la rĂ©gion française, bordaient des tribus celtiques telles que les Sequani et Segobrigi, dans les ethnonymes desquels la racine peut ĂȘtre lue sik- Ă©galement prĂ©sent chez les Sicani (d'oĂč l'ascendance celtique Ă©vidente et non ''ibĂ©ro-mĂ©diterranĂ©enne'' sur laquelle certains insistent encore). Par la suite, les Sicans se sont affrontĂ©s avec les Ausoni, une fois arrivĂ©s dans le Latium, et Ă  partir de ce moment - milieu du troisiĂšme millĂ©naire avant JC - ils sont passĂ©s en Sicile. De nombreux toponymes du Latium Ă  la Calabre, donc le long du versant tyrrhĂ©nien, prĂ©sentent une suffixation sican typique, absente des Pouilles et donc du versant adriatique ou ionien.

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Virgile se souvient en effet dans leÉnĂ©ide i Sicani vĂ©tĂ©rans et le choc entre ce ethnos et les Ausoni, qui ont mis fin Ă  l'Ăąge d'or [10]. Les Sicans ont donnĂ© vie au faciĂšs de Castelluccio et Thapsos de 2200 Ă  1270 av. J.-C. Certains Ă©lĂ©ments de la culture Dolmen prĂ©cĂ©dente ont fusionnĂ© avec eux et cela a peut-ĂȘtre invalidĂ© la thĂšse antique d'origine ibĂ©rique, bien que ce groupe soit proto-celtique et non ibĂ©rique. Certains crĂąnes de Castelluccio (sur le territoire de Noto) sont en fait de type sphĂ©noĂŻde. De nombreux archĂ©ologues, Ă  commencer par Paolo Orsi de Rovereto, ont soutenu qu'aucun changement ne s'Ă©tait produit au moment de la migration sicilienne et que Pantalica aurait Ă©tĂ© la continuation culturelle de Castelluccio. De quoi, cela, ĂȘtre rejetĂ© absolument. Non seulement la culture matĂ©rielle a totalement changĂ©, mais les calottes corroborent la thĂšse de la migration : les crĂąnes de Pantalica sont dans la plupart des cas de type ellipsoĂŻde, donc un peu diffĂ©rents de ceux des cultures de Castelluccio et de Thapsos. ; de plus, la poterie typiquement Sican (d'un mĂ©lange gris-jaune dĂ©corĂ© d'abord de bandes peintes formant divers tissages rhomboĂŻdes et triangulaires et ensuite d'incisions) a continuĂ© d'exister sur le cĂŽtĂ© ouest de l'Ăźle, tandis que dans la partie orientale une nouvelle est apparue avec un fort pourcentage de fer, de couleur grenat, dont la composition ne paraĂźt pas insulaire mais pĂ©ninsulaire.

MusĂ©e rĂ©gional Paolo Orsi, Syracuse : cĂ©ramiques typiques de la pĂ©riode sicilienne I (Pantalica I Nord, XIII-XI siĂšcle av. J.-C.) ; grands braseros royaux, vases flacons, hydrie, patĂšres Ă©vasĂ©es pour les libations. A noter Ă©galement le style ''Ă  fines rayures'' du grand brasero royal (confondu Ă  tort dans la littĂ©rature archĂ©ologique avec une ''grande coupe''). Ce type de dĂ©cor Ă  sillons parallĂšles remplis d'empĂątement blanc est un hĂ©ritage de la culture pĂ©ninsulaire proto-apennine, elle-mĂȘme l'Ă©volution directe de la culture de Rinaldone, qui passa des Balkans par la mer Ă  l'Italie centrale (Romagne, Marches, Ombrie , puis la Maremme toscane et le Latium) Ă  l'Ă©poque Ă©nĂ©olithique. À faciĂšs proto-Apennin et Apennin ont Ă©galement participĂ© Ă  l'Enotri.
Musée régional Paolo Orsi, Syracuse : à gauche, fibule à croix gammée polaire (Sauvastika) de la période sicilienne II de Pantalica (sud-est de la Sicile, XIe-IXe siÚcle av. J.-C.) ; à droite, céramique de style emplumé (skyphoi, également munie d'anse, disposées aux extrémités) et géométrique sicilienne (les deux askoï au centre) de la faciÚs del Monte Finocchito (IX-VII siÚcle av. J.-C.), un quartier qui abrite une célÚbre nécropole sicilienne, sur le territoire de Noto, la ville de l'écrivain.
Musée Civique de Caltanissetta : à gauche, trois oinochoai (cruches à vin) à col trilobé, provenant du centre vicanique de Sabucina, datable entre le VIIIe et le VIIe siÚcle. J.-C., orné d'une croix gammée (rayonnante, ayant les bras tournés vers la droite) sur le champ métopal ; à droite, synopsis du décor du vase, comprenant également le thÚme géométrique et une trÚs intéressante théorie des serpents disposés en méandre (symbole de la bipolarité, donc de la cyclicité).

La poterie sicilienne postĂ©rieure, celui strictement insulaire, a en fait un mĂ©lange gris-jaune, puisque l'argile du mĂ©lange est celle du territoire et c'est de lĂ  qu'est nĂ©e la poterie Ă  plumes, qui n'est prĂ©sente que du cĂŽtĂ© est et non dans le contexte Sican. Les archĂ©ologues italiens, notamment siciliens, ont simplement ''vu'' le faux jusqu'Ă  aujourd'hui. Les Élymiens Ă©taient clairement d'origine proto-illyrienne et certainement avec des infiltrations chĂ©o-troĂŻennes et d'autres de lignĂ©e purement hellĂ©nique (l'Ă©lĂ©ment phocĂ©en) et sican : leur langue est en fait trĂšs proche de celle des Illyriens siciliens (emi '' Je suis '' prĂ©sent dans les inscriptions des deux ethnĂ©, en Siculo Ă©galement dans la variante jemi, ou plutĂŽt avec une lĂ©gĂšre aspiration sur e); et leur poterie a un mĂ©lange gris-jaune, tout comme celle des Sicani et celle Ă  plumes des Siciliens (toutes les productions insulaires donc), mĂȘme si elle change dans les formes et les symboles adoptĂ©s dans les dĂ©cors (les fameux protomes taurins ne sont pas prĂ©sent dans les formes siciliennes ou cĂ©ramiques siciliennes). 

À gauche, hydrie, vase pour puiser de l'eau, du faciĂšs Castellucciana (2200-1450 av. J.-C.), Ă  dĂ©cor typique de bandes entrecroisĂ©es, de la nĂ©cropole sicane de Valle Oscura de la montagne Balate, conservĂ©e au MusĂ©e RĂ©gional de Marianopoli ; Ă  droite, amphore Ă©lymienne typique Ă  dĂ©cor taurin en relief (protomĂ© central) et graffiti (VIII-VII siĂšcle av. J.-C.).

Siculi, Sicani et Elimi, et tout cela par rapport aux Grecs arrivĂ©s quelques gĂ©nĂ©rations plus tard (Ă  partir du XNUMXĂšme siĂšcle avant JC, pĂ©riode de la deuxiĂšme colonisation) ils prĂ©sentent des Ă©lĂ©ments anthropologiques, linguistiques et culturels bien diffĂ©renciĂ©s, mais toujours sous une forme trĂšs relative et donc rĂ©duite, restant toujours dans le contexte indo-europĂ©en. Sur la signification des noms ethniques des Siciliens, des Sicans et des Elimi, ainsi que sur leur langue et leur culture je pourrais en dire beaucoup, voire beaucoup, mais je rĂ©serve cette surprise aux lecteurs de mes livres. Je peux terminer ce court (et agrĂ©able, je l'espĂšre) article en disant que les Siciliens Ă©taient les Proto-Illyriens qui occupaient la partie orientale de l'Ăźle, incorporant quelques Ă©lĂ©ments d'Ausone (dĂ©jĂ  entrĂ©s dans l'orbite culturelle des Proto-Villanoviens, entre Ausone I et II de l'archipel Ă©olien), soutenant la tribu enotria des Morgeti dĂšs le dĂ©but du XIIIe siĂšcle. BC, et Ă  travers d'autres phĂ©nomĂšnes de migration ultĂ©rieurs (jusqu'au XNUMXĂšme siĂšcle avant JC), et surtout ceux qui se sont appelĂ©s tels, ou "Siculi", dĂ©jĂ  Ă  partir de leur premier Ă©tablissement balkanique (sinon, Pline l'Ancien n'aurait jamais parlĂ© de Siculi Balkan dans son Naturalis Historia, encore prĂ©sent en son temps ); que les Sicans Ă©taient les Indo-EuropĂ©ens A d'origine sub-carpatique qui ont Ă©migrĂ© d'Italie en Sicile Ă  la fin du troisiĂšme millĂ©naire avant notre Ăšre ; que les Morgetis Ă©taient un fractionnement de la nation enotria, donc toujours proto-Illyriens, et qu'une fois arrivĂ©s en Sicile orientale ils se tenaient Ă  une certaine distance des Siciliens, mĂȘme si la poterie Ă  plumes a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans les vestiges de leur fondation la plus cĂ©lĂšbre, Ă  savoir Morgantina (et puis les cĂ©lĂšbres tombes rupestres artificielles); que les Elimi Ă©taient aussi des proto-Illyriens, parce qu'ils se sont dĂ©tachĂ©s des Enotri, accueillant au fil du temps d'autres Ă©lĂ©ments ethniques et en quantitĂ©s minimes, afin de ne pas dĂ©naturer leur langue, et qu'ils ont occupĂ© la partie ouest de la Sicile peu aprĂšs l'arrivĂ©e des Siciliens; et enfin que les Ausoni, toujours proto-Illyriens, furent rĂ©ellement chassĂ©s du Nord-Est par l'arrivĂ©e des Illyriens Iapigi (Dauni), migrant en partie vers le Sud et atteignant ainsi les Ăźles Eoliennes puis les cĂŽtes du nord de la Sicile ( la rĂ©gion de Milazzo), fusionnant en partie avec les Siciliens jusqu'Ă  celle de Pantalica et Lentini (l'ancienne Xuthia ).

C'est pourquoi la Sicile a Ă©tĂ© dite en premier Trinacrie '' Trinacria '', puis Sikania “Sicania '' et enfin Sikelia, c'est-Ă -dire "Sicile" [14]. Le nom de l'Italie dĂ©rive du nom du roi sicilien Italo [15], Ă©tant le premier Ausonia puis Énotrie. MĂȘme la mer Adriatique a une origine distinctement sicilienne-illyrienne dans le nom, tout comme le nom de la personne qui en dĂ©rive, Adriano : les deux noms ont l'origine commune du Dieu Adranos (en langue sicilienne Hatranos), Dieu du Ciel, de la LumiĂšre, de la Foudre et du Feu vĂ©nĂ©rĂ© par les Siciliens, directement issu de la forme radicale sicilienne chapeau- ''feu/chaleur'', d'origine indo-europĂ©enne claire, Ă©tant l'ancestrale aide-. Les Grecs nĂ©s dans notre pays s'appelaient Sicelioti, ou "Grecs de Sikelia”, Mais ce n'Ă©taient pas du tout des Siciliens ; tout comme les Grecs nĂ©s dans le sud de l'Italie, appelĂ©s plus tard Magna Grecia, Ă©taient appelĂ©s Italioti, ou les "Grecs nĂ©s dans le pays gouvernĂ© par le roi sicilien Italo". Mais d'oĂč vient alors la dĂ©nomination de "Siciliano" ? Simple, le suffixe dans n rĂ©vĂšle le mystĂšre : ce sont tous ceux qui viennent de Sikelia, l'Ăźle conquise par les Siciliens.

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L'Urheimat des proto-Illyriens identifiĂ©s par l'Ă©crivain par la glottochronologie, situĂ©s entre les cours moyens de l'Elbe (ou de l'Oder) et de la Vistule, entre l'Allemagne et la Pologne actuelles. De ce site ancestral, les Siciliens ont Ă©mergĂ© avec toutes les autres populations de la mĂȘme souche. Les flĂšches indiquent la ligne de migration des Siciliens du XNUMXĂšme millĂ©naire avant JC Ă  la premiĂšre moitiĂ© du XNUMXĂšme siĂšcle. J.-C., c'est-Ă -dire jusqu'Ă  la pĂ©riode au cours de laquelle la culture du nord de Pantalica I dans le sud-est de la Sicile a commencĂ©. Extrait des archives Daudeferd.
NĂ©cropole de Pantalica, sud-est de la Sicile. Complexe de tombes rupestres avec une grotte artificielle.
À gauche, chapiteau templier basaltique sur une colonne Ă  section octogonale du centre vicanique de Mendolito di Adrano, ornĂ© de roues solaires (Museo Civico di Adrano) ; Ă  droite, scĂšnes de chasse Ă  cheval graffitĂ©es sur les murs de la chambre funĂ©raire de Caratabia (prĂšs de Mineo, centre-est de la Sicile) ; deux rĂ©alisations du VIe siĂšcle. BC, IV pĂ©riode sicilienne, faciĂšs de Licodia Eubea. Remarquez un Crux Solaris  apotropaĂŻque gravĂ© sur la cuisse droite de l'Ă©quidĂ©.

Pour conclure, je veux vous dire une derniĂšre chose, assez importante et qui est une prĂ©misse Ă  tous les articles Ă  suivre, c'est-Ă -dire Ă  partir du troisiĂšme. L'archĂ©ologie et l'anthropologie, ainsi que toutes les sciences (dans mon cas spĂ©cifique aussi la glottologie, dont je fais un usage abondant et surtout qualifiĂ©), ont constamment besoin de nĂ©ologismes, souvent crĂ©Ă©s prĂ©cisĂ©ment ad hoc, Ou mĂȘme brusquement, qui permettent au chercheur de circonscrire trĂšs facilement une vaste gamme de concepts, trĂšs souvent stratifiĂ©s ou imbriquĂ©s les uns aux autres de maniĂšre plus ou moins complexe, pour former une nouvelle entitĂ© sĂ©miologique, comme s'il s'agissait d'un symbole. Cela nous permet, Ă  nous chercheurs, d'acquĂ©rir une grande quantitĂ© de donnĂ©es et de pouvoir Ă  notre tour crĂ©er des cadres de synthĂšse trĂšs prĂ©cis et dans le but principal que rien ne puisse ĂȘtre laissĂ© si inconscient, mais que tout soit toujours disponible au moment de l'utilisation du mĂȘme Les donnĂ©es. Je comprends que pour le profane tous ces ''grands mots'' puissent sembler abstrus, voire imprononçables, dont il n'est pas possible de trouver trace dans les diffĂ©rents dictionnaires, car trop spĂ©cifiques et surtout toujours et continuellement forgĂ©s gratter. Nous, les chercheurs, sommes malheureusement comme ça. Mais c'est grĂące Ă  nous et surtout Ă  notre travail qu'il est possible pour vous tous de suivre nos recherches main dans la main, en vous faisant tous participer Ă  nos expĂ©riences. Cependant, les nĂ©ologismes dĂ©coulent d'une bonne maĂźtrise des langues classiques, c'est-Ă -dire du grec et du latin, trĂšs souvent par un processus non seulement d'invention mais de re-phonologisation de certaines phrases extrapolĂ©es Ă  partir des nombreux textes qui composent le corpus de la littĂ©rature grecque et latine.

Par exemple, le grand prof. Paul Orsi, qui a consacrĂ© toute sa vie Ă  l'Ă©tude de la prĂ©histoire sicilienne (lui-mĂȘme, de Rovereto) a inventĂ© divers nĂ©ologismes, encore en usage dans notre domaine, comme le monnayage enchytrisme, indiquant la sĂ©pulture, souvent infantile, '' Ă  l'intĂ©rieur d'un grand vase '', Ă  l'intĂ©rieur de la jarre qui en grec ancien s'appelait pithos. Mais force est de constater que le nĂ©ologisme en question ne se trouve pas dans les anciens dictionnaires grĂ©co-italiens et mĂȘme pas dans ceux de l'italien seul. Pourtant, grĂące au bon Orsi, nous, chercheurs, savons aujourd'hui indiquer un rite funĂ©raire prĂ©cis grĂące Ă  un seul mot, au lieu d'utiliser une phrase Ă©puisante. Moi-mĂȘme, maintenant fatiguĂ© des ''formules'' obsolĂštes et des ''formes'' dĂ©suĂštes que me transmettaient le milieu acadĂ©mique, j'ai dĂ» crĂ©er de nouvelles ''formules'' et des ''formes'' plus efficaces pour mieux avancer dans mes recherches, sans tomber dans les mĂȘmes erreurs que celles que tous mes prĂ©dĂ©cesseurs ont commises. Si ce n'Ă©tait pas le cas, ça ne continuerait jamais, ce serait tĂątonner dans l'obscuritĂ© totale. J'ai dĂ», et j'aime le faire, inventer des nĂ©ologismes de toutes sortes Ă  cette fin, renversant trĂšs souvent les cadres disciplinaires imposĂ©s parce qu'ils sont fallacieux. Mais j'ai toujours adhĂ©rĂ© Ă  tous les apparats d'honnĂȘtetĂ© intellectuelle, avertissant toujours mes lecteurs au dĂ©but de chaque lecture de ma position dure et leur expliquant la nouvelle mĂ©thode d'investigation et le nouveau systĂšme de gloses Ă  adopter pour mieux assimiler les fruits de mes recherches.

Je comprends donc le dĂ©couragement de certains lecteurs Ă  ne pas comprendre d'un coup certains mots ''nouveaux'', dont mon seul manque, et donc non l'inexpĂ©rience, Ă©tait de ne pas avoir donnĂ© d'explication prĂ©paratoire. En fait, je le regrette toujours. Le temps disponible est ce qu'il est, malheureusement, et peut-ĂȘtre n'ai-je pas vraiment l'habitude de m'adresser Ă  un public trĂšs variĂ©, mais toujours beaucoup trop restreint. Mais je peux, et mĂȘme je dois, toujours combler les lacunes. Par consĂ©quent, si certains d'entre vous, mes chers lecteurs, ne comprennent pas certaines nĂ©ologismes, comme Urvolk, macro-groupe, proto-groupe, proto-celtique e ur-celtique, proto-illyrien (donc un peu diffĂ©rent de illyrien, avec laquelle les branches gĂ©nĂ©alogiques suivantes sont dĂ©signĂ©es), distribution sĂ©mantique, distribution phonĂ©tique, haut europĂ©en/palĂ©o-europĂ©en, sous-carpates, xanthrocisme etc., il suffit de demander et tout vous sera donnĂ©. Dans le cas particulier du lemme Urvolk (forme allemande), il s'agit, comme dans tous les nĂ©ologismes scientifiques, d'une simple convention intellectuelle, d'une crĂ©ation de laboratoire Ă  l'usage et Ă  la consommation des spĂ©cialistes. Mais Ă©tant donnĂ© l'importance qu'a eu le lemme en question durant la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle, pĂ©riode historique oĂč l'archĂ©ologie et l'anthropologie ont eu une grande importance dans la vie du peuple allemand, le mĂȘme lemme s'est mĂȘme retrouvĂ© dans les dictionnaires, et cela est due Ă  un processus bien connu qui en linguistique est connu sous le nom de '' acclimatation ''. Dans d'autres langues europĂ©ennes, cela ne s'est pas produit en fait, Ă©galement parce que les sciences anthropologiques et archĂ©ologiques n'ont pas jouĂ© un rĂŽle aussi important dans la formation des individus dans les autres nations europĂ©ennes.

Ma il est clair que le lemme `` allemand '' Urvolk ce n'est pas vraiment ''allemand'', mais c'est une invention acadĂ©mique, puisque le premier Ă©lĂ©ment radical et caractĂ©risant, ur-, ce n'est pas prĂ©cisĂ©ment ''allemand'' mais purement indo-europĂ©en. Il s'agit en fait d'une forme racine ancestrale prĂ©sente dans toutes les langues indo-europĂ©ennes, donc dĂ©tectable dans les aires latĂ©rales, et donc absolument indo-europĂ©enne. Cet Ă©lĂ©ment radical se retrouve en effet sous diverses formes, dont je ne citerai que les plus importantes : urÌ„- '' force '', comprenant dans son noyau un r sonante, donc avec possibilitĂ© de vocalisation, gĂ©nĂ©rĂ©e en latin respectivement vis '' forcer '' e vir ''homme'' (au sens de ''douĂ© de force''), mais aussi prendre soin de ''taureau'' (parce que ''mĂąle'' et donc ''fort''); en norvĂ©gien viendra ''homme'' (de la forme la plus ancienne Wirar); en gaĂ©lique irlandais actuel peur ''homme'' (avec mĂ©taphonie de u/v > f); en grec ancien, bien qu'avec une lĂ©gĂšre dĂ©rive sĂ©mantique, on a ÎČία `` force / violence '' (Ă  travers le phĂ©nomĂšne bien connu du bĂ©tacisme, c'est-Ă -dire le rendu occlusif voisĂ© bilabial b la fricative labio-dentaire voisĂ©e v, qui Ă  son tour dĂ©rive de la voyelle arriĂšre fermĂ©e arrondie et non arrondie, c'est-Ă -dire le connu digamme indo-europĂ©en). Par consĂ©quent, cet Ă©lĂ©ment radical ur- ne signifie pas ''primitif'' ou ''primordial'', mais ''force'', ayant donc subi un processus de dĂ©rive sĂ©mantique jusqu'Ă  signifier ''homme'', ''taureau'' etc. Maintenant, et c'est lĂ  que je te veux, juste en entrant dans le Weltanschauung Indo-europĂ©en, on s'aperçoit qu'il est en plein Ă©tat d'esprit Les indo-europĂ©ens dĂ©signent tout acte crĂ©ateur, donc primordial, Ă©voquant la ''force'', agissant prĂ©cisĂ©ment sur la matiĂšre sous-jacente inerte, la façonnant Ă  ses propres fins. L'acte de force, ur, le principe masculin, n'est que cela : l'Ă©nergie active façonnant la matiĂšre passive sous-jacente, qui est le principe fĂ©minin ; Ă©tant cependant l'acte '' premier '', celui de la crĂ©ation, sur l'immobilitĂ© passive de la matiĂšre inerte. En effet, dans les dictionnaires d'aucune langue europĂ©enne moderne, nous ne pourrions jamais trouver cet Ă©lĂ©ment radical, ur- oui aussi important qu'un seul gloss. Cet Ă©lĂ©ment radical est visible mĂȘme dans l'anthroponyme sicilien Uitalus, c'est le roi Italo, qui avec sa force a rĂ©ussi Ă  dĂ©duire de la fĂ©dĂ©ration enotria devenir seigneur de ce territoire, crĂ©ant ainsi le Italie, la terre d'Italo, notre patrie.

Si quelqu'un peut toujours vous donner une explication de son travail alors son travail est toujours sincÚre et loyal, sinon il est menteur. Jusqu'à présent, j'en ai entendu tant, tant dans le milieu universitaire qu'ailleurs, sur les Siciliens ou les Sicans : qui a vu des `` glyphes runiques '' (sic) dans les graphÚmes des inscriptions siciliennes disséminées dans la partie insulaire orientale ; qui est venu à la dérivation du sicilien du sanskrit; ainsi que d'autres commodités obscÚnes. La seule chose dont nous ayons vraiment besoin aujourd'hui, c'est du sérieux, rien que du sérieux.


Remarque:

[1] Thucydide, Histoires, VI, 2, 4 (Italo, roi des Siciliens) ; Voir. Aristote, Politique, IV, 9, 1-3; Antiochus de Syracuse dans Dionysos d'Halicarnasse, AntiquitĂ©s romaines, I, 35, 1-3 (Italo, roi des Enotri, nouvelle Ă  ne pas comprendre comme "roi d'origine enotria", Ă©tant une erreur, mais comme "rĂ©gence sur les Enotri"); Virgile, ÉnĂ©ide, VII, v. 176-181. 

[2] Thucydide, Histoires, VI, 2, 5; Dionysos d'Halicarnasse, Antiquités romaines, je, 22, 5.

[3] Diodore de Sicile, BibliothÚque historique, V, 6. 

[4] Pausanias, PériégÚse de GrÚce, V, 25, 6; Strabon, géographie, VI, 2, 4 (dans le texte duquel il est Ephore cumane de dire que le premier à y habiter Sikelia étaient les IbÚres, ou plutÎt les IbÚres, donc le peuple du verre en forme de cloche).

[5] Dionysos d'Halicarnasse, Antiquités romaines, je, 22, 5. 

[6] Dionysos d'Halicarnasse, Antiquités romaines, je, 22, 1-3.

[7] Ceci est également confirmé par Pline (Naturalis Historia, III, 13, 111) : Numana a Siculis condita, ab issdem colonie d'AncÎne. 

[8] Dionysos d'Halicarnasse, Antiquités romaines, je, 22, 4-5.

[9] François Villar, Les Indo-Européens et les origines de l'Europe, Ed. Mulino, Bologne, 1997. 

[10] Virgile, ÉnĂ©ide, VIII, v. 322-332.

[11] Giuseppe Sergi, CrĂąnes prĂ©historiques de Sicileen Actes de la SociĂ©tĂ© d'anthropologie romaine, Tome VI, Rome 1899, p. 3-13 ; Joseph Serge, CrĂąnes siciliens nĂ©olithiquesen Taureau. Palethnologie italienne, tome XVII, Rome 1891 ; Joseph Serge, CrĂąnes antiques de Sicile et de CrĂšteen Actes Soc.Rom. d'Anthropologie, Tome II, Rome 1895. Ces textes doivent toujours ĂȘtre lus avec les rĂ©serves nĂ©cessaires. Les crĂąnes prĂ©historiques et anciens ont Ă©tĂ© principalement Ă©tudiĂ©s par moi manuel de sperme; faisant Ă©galement de nombreuses comparaisons (pas vraiment directes, car j'aurais suscitĂ© l'horreur chez les gens, mais en utilisant un kit photographique ou ma bonne capacitĂ© de mĂ©moire Ă  cet effet) avec celles des populations actuelles, c'est-Ă -dire celles vivant encore dans de petits villages ou des campagnes reculĂ©es, surtout dans la zone hyblĂ©enne, lieux Ă  fort hĂ©ritage sicilien (communes comme Buscemi, par exemple, oĂč j'ai remarquĂ© cet ellipsoĂŻdisme accompagnĂ© d'un beau blond, xanthocroisme, et teint trĂšs clair, leucodermie, d'un rose trĂšs pĂąle et sujet Ă  rubescence Ă©motionnelle facile).  

[12] Pline, Naturalis Historia, III, 22, 141. 

[13] Diodore de Sicile, BibliothÚque historique, V, 8. 

[14] Diodore de Sicile, BibliothĂšque historique, V, 2, 1-2.

[15] Thucydide, Histoires, VI, 2, 4.

7 commentaires sur "L'origine des Siciliens et leur migration vers la Sicile »

  1. Article trÚs intéressant, félicitations. En sait-on plus sur les habitants des CÎnes ou de Choni, mentionnés dans l'article ? Merci.

    1. Copiez et collez à partir d'un e-mail de l'auteur :

      « Dans mes livres, je traite tout le monde dans les moindres dĂ©tails. Les cĂŽnes Ă©taient des exilĂ©s de la nation des Chaoni d'Épire et ont fusionnĂ© avec les Enotri donnant vie Ă  la culture des tombes Ă  chambre des cĂŽnes de Basilicate. "

  2. Il serait temps de réunir le forum des Swords Naue II et les compositions funéraires Urnfield des Siciliens à Lipari ((Incendio del Castello) dont Brea s'est trÚs bien illustré dans son ouvrage.

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